Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. La messagerie instantanée est un domaine fascinant qui évolue constamment. À travers les années, nous avons vu l'émergence de nombreuses plateformes de communication qui ont redéfini notre façon d'interagir les uns avec les autres.
La messagerie instantanée (MI) est un outil révolutionnaire qui permet l’échange instantané de messages textuels et de fichiers entre plusieurs utilisateurs grâce aux multiples dispositifs numériques disponibles, tels que les ordinateurs, les tablettes et les téléphones mobiles. Ces appareils doivent être connectés à un réseau informatique commun, tel que Internet, pour qu'un tel échange puisse avoir lieu. Contrairement à un courrier électronique, la messagerie instantanée favorise des interactions en temps réel qui permettent des dialogues interactifs et fluides.
Parfois appelé « chat » (from the English to chat, signifiant « bavarder »), le terme « tchat » (souvent prononcé /tʃat/ en France) et le verbe « tchatter » sont très répandus en français pour désigner cette catégorie de communication. L'ecriture « tchat » est couramment utilisée pour éviter toute confusion avec le mot chat (l’animal). D'autres variantes telles que « tchatte » peuvent également être rencontrées dans le langage courant.
En raison de l'importance culturelle et linguistique que revêt la messagerie instantanée, l’Office québécois de la langue française a introduit, en , le terme « clavardage », un mot-valise combinant « clavier » et « bavardage », qui a été intégré dans le Petit Larousse de 2004. Ce terme est particulièrement utilisé au Québec comme synonyme de messagerie instantanée. D'autres expressions comme « bavardage-clavier » et « cyberbavardage » ont également été proposées.
En France, la Commission générale de terminologie et de néologie a d’abord recommandé le terme « causette » en 1999, mais a changé d’avis en , optant alors pour « dialogue en ligne ». Cette définition indique que c'est « une conversation entre plusieurs personnes connectées en temps réel, échangeant des messages qui apparaissent simultanément sur leurs écrans ». Cette terminologie est enregistrée dans la base terminologique de la DGLFLF et est exigée dans les administrations et services de l’État français. Cependant, ce terme n'a pas trouvé son chemin au Québec, où il n'est pas fréquemment utilisé.
Le féminin « tchatche », venant de l’Afrique du Nord et de France, a gagné en popularité, tout comme ses dérivés : « tchatcher » et « tchatcheur ». Ce terme, qui a été adopté en anglais sous la forme « chat », provient du mot espagnol « cháchara », signifiant « bavardage ».
Le sigle « IM », issu de l'anglais pour Instant Messaging, est parfois utilisé, tout comme « IMP », qui signifie « Instant Messaging and Presence ».
Parfois, on fait référence à des termes comme « webchat » ou « shoutbox » pour spécifier que la communication se déroule sur une page Web, similaire aux plateformes comme Yahoo! Groupes.
Pour faire usage de la messagerie instantanée, il est nécessaire d'avoir un logiciel client qui se connecte à un serveur de messagerie instantanée. Contrairement à un courrier électronique, les conversations se déroulent en temps réel, réduisant considérablement les délais de communication.
De nombreux services modernes intègrent un système de notification de présence qui indique aux utilisateurs si leurs contacts sont en ligne et leur disponibilité pour discuter.
Les premiers programmes de messagerie instantanée permettaient à chaque lettre d'apparaître chez le destinataire instantanément, créant ainsi une dynamique similaire à celle d'un coup de téléphone. Aujourd'hui, les technologies de messagerie ont évolué, et le destinataire ne voit le message que lorsque l'expéditeur le valide.
Les applications de messagerie instantanée offrent également la possibilité de définir un message de statut, ressemblant à un message de répondeur téléphonique, pour informer les autres usagers de la raison d'une absence.
En évoluant, la messagerie instantanée a intégré des fonctionnalités audio et vidéo, en plus d'offrir des applications collaboratives comme les tableaux blancs, l'édition de documents, les jeux, et bien d'autres encore.
La messagerie instantanée a développé son propre lexique. En raison de la rapidité des échanges, des abréviations et des raccourcis sont couramment utilisés, notamment pour exprimer les émotions de l'utilisateur (voir les émoticônes). Ces abréviations peuvent être remplacées par des images représentant des sentiments ou des émotions. Un aspect distinctif de l'argot de la messagerie instantanée est qu'il inclut souvent des termes généralistes réduits à de courtes combinaisons de lettres et même de chiffres (par exemple : bnjr pour « bonjour », b8 pour « bonne nuit », 2m1 pour « demain », etc.).
La messagerie instantanée un à un a des racines anciennes : sous UNIX, elle est présente depuis longtemps via des commandes en texte tel que « talk », avec une version graphique sous MS Windows nommée WinPopUp. En mode texte, sous DOS, il existait aussi « NET SEND ».
En 1982, les Dernières Nouvelles d'Alsace ont lancé le premier service de messagerie instantanée grand public, nommé Gretel, dans le cadre du service minitel expérimental. Ce service représentait rapidement jusqu'à 85 % du trafic de la plateforme en question.
Le protocole standard ouvert connu sous le nom de Internet Relay Chat (IRC) a été introduit dès 1988 et propose des fonctionnalités basiques de discussion en groupe. Ces fonctionnalités ont été par la suite enrichies grâce à des bots. En parallèle, le protocole Zephyr, créé au MIT la même année, offre des services de base simples, particulièrement utilisés dans le milieu universitaire américain.
Cependant, ces formes de discussion, bien qu'intéressantes, ne correspondent pas encore à la notion de messagerie instantanée, car elles manquent d'authentification et de gestion de présence.
La véritable messagerie instantanée moderne, accessible au grand public, a émergé grâce à Mirabilis, une jeune entreprise israélienne qui a lancé ICQ en 1996. Une des innovations majeures était la gestion d'une liste de contacts, permettant ainsi de nouvelles interactions. En 1998, Mirabilis a été acquise par le groupe AOL Time Warner.
En 1998, le protocole libre et ouvert Jabber a été mis en place, de même que le protocole fermé QQ, le clone chinois d'ICQ. Depuis le lancement d'ICQ, de nombreux protocoles de communication incompatibles et propriétaires ont vu le jour, souvent proposés gratuitement par des fournisseurs d'Internet, tels que Yahoo! Messenger en 1998, MSN Messenger en 1999, et Gadu-Gadu en 2000. Cela leur permet de créer une base d'utilisateurs captifs, leur fournissant ainsi l’opportunité d’envoyer des publicités et même de proposer des services payants.
En 2002, on estime que le nombre d’échanges de messages instantanés dans le monde égale celui des courriers électroniques, avec environ 360 millions d’utilisateurs. Cependant, la fermeture des réseaux, leur cloisonnement et leur incompatibilité entraînent une fragmentation dans le domaine de la messagerie instantanée, contrairement à l'e-mail et au web.
En 2004, Jabber/XMPP a été normalisé comme standard ouvert par l’IETF, l’organisme chargé de la normalisation des protocoles. À ce jour, Jabber est le seul système standardisé, ouvert, non propriétaire et activement développé, en matière de messagerie instantanée.
En 2005, le développement du support des sessions multimédia, y compris la voix sur IP, a été relancé avec le protocole Jingle (Jabber), fabriqué par Google Talk.
En 2006, les normes de nommage pour les identifiants de messagerie instantanée, appelées IRI/URI scheme, ont été adoptées par l’IETF, basées sur les protocoles Jabber.
En 2009, Microsoft a lancé une nouvelle offre nommée Microsoft Online Services, incluant un service de messagerie instantanée pour les entreprises, connu sous le nom d’Office Communications Online. Ce service permet aux utilisateurs de visualiser l'état de présence de leurs collègues sans les déranger.
La même année, deux anciens ingénieurs de Yahoo, Jan Koum et Brian Acton, ont fondé WhatsApp, qui est devenu un acteur majeur de la messagerie.
En 2012, la société Atlassian a acquis HipChat, un service de messagerie instantanée pour les entreprises.
En 2013, Telegram a été lancé par les frères Nikolaï et Pavel Dourov, qui ont également créé VKontakte, un réseau social très populaire en Russie.
En , Facebook a acquis WhatsApp, qui comptait à ce moment plus de 450 millions d'utilisateurs.
En 2018, Messenger, le service de messagerie de Facebook, comptait plus de 1,3 milliard d’utilisateurs.
En , le gouvernement français a lancé Tchap, une application de messagerie instantanée dédiée aux agents des services de l’État.
Le paysage des systèmes de messagerie instantanée est si fragmenté que les utilisateurs de réseaux propriétaires peuvent éprouver des difficultés à communiquer avec d'autres réseaux, ce qui les enferme dans un système clos.
Seul le protocole Jabber a été normalisé par l’IETF depuis 2004, établissant ainsi une référence pour les protocoles de communication instantanée.
Une norme d’URI a été conçue en , présentée sous la forme xmpp:user@domaine, à l'instar de l'URI pour les courriels mailto:user@domaine.
Jabber représente donc une avancée majeure au même titre que le web avec ses protocoles HTTP et HTTPS, ainsi que le courrier électronique avec les protocoles tels que SMTP, POP et IMAP.
- Jabber/XMPP
- IRC
- SIP/SIMPLE
- Matrix
- AIM/OSCAR (AOL)
- Gadu-Gadu (GG Network)
- Lotus Sametime (IBM)
- Microsoft Communicator
- Microsoft Messenger
- Novell GroupWise
- QQ (Tencent)
- Yahoo! Messenger
Ces réseaux permettent de converser sans nécessiter d'autres logiciels que ceux d’un simple navigateur web, notamment grâce à des standards comme WebRTC ou à des plugins complémentaires, tels que Java, ce qui constitue leur atout principal.
